La nuit était tombée depuis bien longtemps sur la cité d’Eel. Tout était calme dans les rues et dans l’enceinte même du quartier général endormi.
Ykhar bailla longuement en s’étirant. Il était déjà si tard et elle n’avait même pas terminé d’archiver l’ensemble des divers documents qui trônaient encore sur son bureau. Cela lui prenait un temps fou, et elle avait la fâcheuse manie de tout remettre à plus tard. Résultat des courses, elle se retrouvait désormais avec une pile de papiers à trier et classer dont elle ne voyait pas le bout. Le bon côté des choses était qu’elle avait bien travaillé. Encore une heure ou deux et elle en aurait enfin fini avec cette maudite paperasse. Jusqu’à la prochaine fois…
Elle bâilla de nouveau et papillonna des cils, luttant contre la fatigue. Elle fronça les sourcils pour se concentrer sur les lignes qui lui apparaissaient floues par intermittences. A la lueur vacillante de sa chandelle, l’effort ne fit que la fatiguer davantage.
« Je vais reposer mes yeux cinq minutes, se dit la lapine en fermant les paupières. Cinq minutes et je reprends… »
Mais le sommeil ne tarda pas à la surprendre alors qu’elle posait sa tête sur ses bras. Bientôt, de légers ronflements se firent entendre, troublant le silence religieux qui s’était installé depuis la tombée de la nuit.
A pas de velours, Moody surgit des ténèbres comme si elle naissait d’elles. Elle s’approcha d’Ykhar, dévisageant sa silhouette endormie avec une expression neutre. Elle avisa la bougie qui continuait de se consumer sur le bureau. D’un souffle elle l’éteignit, achevant de plonger la bibliothèque dans le noir.
Sans paraître dérangée par le manque de visibilité, la jeune femme avança parmi les rayonnages garnis d’ouvrages. Sa main fine effleura quelques livres, sans qu’elle ne daigne toutefois en choisir un. A vrai dire, elle ne s’était pas aventurée dans la bibliothèque du QG à une heure aussi tardive pour bouquiner, loin de là. Son amant lui avait donné rendez-vous là, et alors qu’elle pensait qu’y pénétrer lui donnerait du fil à retordre, la fille de la lune avait été surprise de découvrir qu’une présence subsistait encore en ces lieux en la personne d’Ykhar. Cet excès de zèle l’avait bien arrangée. Moody avait pu pénétrer dans la bibliothèque sans même que la lapine ne s’en aperçoive. Rapidement, elle avait succombé au sommeil, certainement épuisée par sa longue journée de travail.
Moody s’arrêta devant une fenêtre située entre deux rayonnages et contempla la lune à demi pleine qui dardait sur elle sa lueur fantomatique. Elle soupira, quelque peu mélancolique, avant qu’un bruit soudain, semblable à un livre tombant au sol, ne vienne la tirer de sa rêverie. Alerte, la jeune femme se retourna. Le silence était retombé. D’une démarche fluide, elle vint jeter un coup d’œil à Ykhar située à l’autre bout de la pièce. Celle-ci n’avait pas bronché et dormait toujours.
Avec prudence, Moody s’avança en direction de l’endroit où elle pensait que le bruit s’était produit. Près d’une étagère chargée de livres, elle trouva l’un d’eux échoué au sol, ses pages multiples formant comme un éventail. Sans réfléchir, elle s'abaissa pour le remettre à sa place, non sans jeter un coup d’œil au titre.
« Dragons, entre légendes et réalité »
Tiens donc. Comme par hasard. Un petit rictus étira la commissure des lèvres de la fille de la Lune. Elle continua d’avancer tranquillement, jusqu’à ce qu’un nouveau bruit, semblable au premier, ne se fasse à nouveau entendre. Une fois de plus, Moody aperçut un livre tombé au sol. Sur la couverture de ce dernier était inscrit « Us et coutumes du peuple Dragon ». Alors qu’elle s’apprêtait à le remettre également à sa place, une main gantée vint soudainement couvrir sa bouche pour l’empêcher de crier. Un bras s’enroula autour de sa taille, la plaquant contre un torse large et solide.
« Dommage que tu l’aies si vite refermé, souffla Lance dans le creux de son oreille. Il était ouvert sur un passage très intéressant expliquant les rites maritaux des Dragons et leur accouplement… »
Moody chercha à se dégager, mais le traître resserra son étreinte, ses lèvres fusant vers le cou gracile de la belle Ombre qu’il se mit à dévorer de baisers brûlants.
« On ne peut pas dire que la subtilité soit ton fort, railla Moody sans pouvoir s’empêcher de frissonner. Mais cela ne m’étonne pas, brute comme tu es…
-Ca n’a pourtant pas l’air de te déranger lorsqu’il s’agit de baiser, rétorqua le Dragon. Jolie tenue au passage. »
Moody n’était vêtue que d’une combinaison noire moulante dont le décolleté vertigineux laissait peu de place à l’imagination. Des cuissardes à talons hauts venaient compléter l’ensemble qui, bien que simple, n’en demeurait pas moins érotique à souhait.
« Si tu comptes me baiser, comme tu le dis si élégamment, fit Moody entre deux soupirs, tandis que les mains de l’homme parcouraient son corps avec avidité, il va falloir que tu réfrènes tes ardeurs car nous ne sommes pas seuls.
-Tu oses me donner des ordres ? gronda Lance. »
Moody le sentit s’immobiliser contre elle, menaçant. Mais loin d’être effrayée, elle poursuivit, provocante.
« Je préfère simplement te prévenir, se moqua-t-elle, non sans une certaine inquiétude toutefois. Ykhar est là, et je ne saurais dire si elle a le sommeil léger ou non. »
Un ricanement lui répondit, tandis que les mains gantées de cuir de son amant écartait les pans de son haut pour révéler sa poitrine nue et opulente dont les tétons pointaient déjà vers le ciel, révélant son excitation concernant à la situation dans laquelle ils se trouvaient.
« Ce sera plutôt à toi de veiller à ne faire aucun bruit. »
Lance ponctua sa phrase en lui pinçant un mamelon. Moody étouffa de justesse un petit cri, avant de se mordre la lèvre inférieure. Si Ykhar se réveillait et les surprenait, ça en était fait d’elle.
Elle retint son souffle en sentant la main du Dragon s’insinuer sous sa ceinture, jusqu’à cette partie d’elle qui mouillait déjà pour lui. C’était rageant de constater à quel point elle succombait si rapidement à ses avances. Un toucher, une caresse et elle fondait déjà dans ses bras telle une petite poupée prête à assouvir ses moindres désirs.
En retenant à grand peine ses soupirs, Moody laissa la main virile se loger entre ses cuisses. Lance ne commenta pas son absence de sous-vêtements. A vrai dire, c’était une de ses exigences à chacune de leur rencontre.
Lorsqu’il commença à caresser son sexe, ses doigts s’insinuant entre ses lèvres pour titiller son petit bout de chair si sensible, Moody ne put s’empêcher de laisser échapper un léger gémissement. Son corps vint se plaquer contre celui de Lance et ses fesses se frottèrent sensuellement contre son érection grandissante à travers son pantalon. L’Homme la laissa faire, accentuant ses caresses entre ses jambes. Et au grand damn de Moody, ce crétin était vraiment habile de ses doigts. Elle les sentait aller et venir entre ses replis tièdes et humides, s’enfonçant par moment en elle tandis que son pouce continuait de taquiner son clitoris. Alors qu’elle haletait de plus en plus fort, Lance vint la reprendre en murmurant contre son oreille.
« En silence. »
La bouche de la jeune femme s’ouvrit dans un gémissement muet. Par la Lune. Le défi risquait d’être compliqué à relever.
Elle y parvint toutefois, non sans mal. Et alors que le traître poursuivait ses caresses, Moody laissa sa tête basculer sur son épaule en se mordant les lèvres pour retenir ses plaintes de plaisir.
Soudain, alors qu’elle pensait que Lance allait lui faire atteindre l’orgasme, il s’arrêta. Moody ferma les yeux, à la fois soulagée et frustrée. Bien sûr, elle aurait dû s’y attendre…la torturer était son plaisir, et il ne s’en privait jamais lors de leurs ébats.
« Enflure, murmura-t-elle en le sentant retirer sa main de son entrejambe humide. »
Lance le retourna brusquement face à lui. Moody put ainsi contempler son visage barré d’une large cicatrice qui ne gâchait en rien sa beauté, toutefois. Ses yeux améthystes se perdirent dans ceux, de glace, de son amant alors qu’il lui saisissait rudement le menton pour le soulever à sa hauteur, obligeant la petite femme à se hisser sur la pointe des pieds malgré ses talons hauts.
Elle sentit son souffle chaud caresser ses lèvres.
« Je vais te baiser, promit le Dragon à voix basse. Si fort que tu t’en souviendras longtemps. Mais si tu cries, si j’entends désormais ne serait-ce que le son de ta voix, je t’empêcherai de jouir et tu te termineras seule. Est-ce clair ? »
Moody se retint pour ne pas grogner de frustration. Le silence qui régnait dans la bibliothèque était si lourd que le moindre bruit semblait fracassant. Et bien que sa fierté et son envie de défier Lance la poussait à accepter le pari, la jeune femme n’était pas certaine d’en sortir gagnante. Quel sombre connard…
Une pression plus forte vint élancer sa mâchoire prisonnière. Lance exigeait une réponse. Moody le fusilla du regard avant de baisser les yeux, signifiant ainsi son accord.
« A genoux. »
Sans rechigner, l’Ombre s’exécuta. Elle s’efforça de demeurer silencieuse jusque dans ses mouvements.
« Tu sais ce que tu as à faire. »
Ho que oui, elle le savait. Et bien qu’elle tentait d’afficher un air indifférent, la perspective la réjouissait énormément. Il exigeait d’elle le silence ? De son côté, elle mettrait tout en œuvre pour le faire gémir de plaisir.
De ses mains habiles et expertes, Moody déboutonna le pantalon de son amant, libérant son sexe déjà dur et érigé. En vrillant ses yeux améthystes dans les siens, elle entama de légers va-et-vient, ses doigts glissant le long de sa verge jusqu’à ses bourses qu’elle effleura avec envie. Son but était de l’attiser suffisamment pour qu’il se trahisse lui-même et qu’il ploie devant elle, à sa merci.
Lance la contempla sans rien dire, et pas un son ne lui échappa lorsque ses caresses se firent plus fermes, son poing venant enserrer son sexe qu’elle branla d’abord lentement, puis de plus en plus vite. La jeune femme le sentit continuer à durcir entre ses doigts, et pourtant son visage ne trahissait aucune émotion. Alors elle le prit en bouche, sachant à quel point il adorait ses caresses buccales. Sa langue vint caresser son gland luisant, alors qu’elle amorçait de lents mouvements coulissants, sa main l’accompagnant le long du sexe de l’homme. Elle le pompa avec vigueur, prenant plaisir à le sentir si dur et épais entre ses doigts. Moody avait bien conscience du pouvoir qu’elle avait sur lui malgré sa position, et elle adorait s’en servir.
Le silence régnait toujours sur la bibliothèque. Moody s’appliquait à sucer Lance sans laisser échapper aucun son malgré le plaisir qu’elle prenait à la tâche. Malgré ses prouesses, elle ne parvint pas à soutirer un son au Dragon et elle savait qu’il le faisait exprès. Lance n’était pas dupe. Il avait parfaitement compris ce que la fille de la lune cherchait à faire et cela l’amusait énormément. Mais elle n’aurait jamais le dessus sur lui, malgré tous ses efforts. Et puis cela ne la dérangeait pas qu’elle essaie, c’était si plaisant…
Néanmoins, il devenait difficile de résister au plaisir qu’elle lui apportait. Ce ne fut que la perspective de ce qui allait suivre qui permit à Lance de ne pas immobiliser le visage de la jeune femme pour baiser sa si délicieuse bouche et se terminer en elle. Brusquement, il la repoussa.
Moody retint de justesse une exclamation à la fois surprise et outrée, mais elle se tut bien vite tandis que Lance se jetait sur elle, la forçant à s’allonger sous son corps imposant, son torse encore couvert venant se frotter contre sa poitrine nue. Elle frissonna, excitée par la sensation de la matière rêche contre sa peau. Prestement, Lance abaissa la combinaison de la jeune femme qu’il fit passer sous ses fesses, libérant sa jolie chatte qui n’attendait plus que lui. Il prit son temps, cependant.
Ses lèvres et ses mains parcoururent le corps nu de Moody qui avait la sensation de s’embraser à chacune de ses caresses. Sa main se glissa entre leurs deux corps pour se saisir à nouveau de sa verge dressée qu’elle branla rapidement tout en titillant son gland de son pouce. Toujours pas un grognement. Comment faisait-il alors qu’elle avait tant de mal à réprimer ses soupirs ?
Les lèvres du traître vinrent baiser sa poitrine, sa langue et ses dents jouant avec les mamelons dressés avant de descendre sur son ventre jusqu’à son intimité humide qui l’appelait silencieusement.
En sentant la bouche de Lance entre ses cuisses, Moody porta la main à ses lèvres, se bâillonnant elle-même pour retenir ses cris. Bien lui en prit car lorsque sa langue commença à jouer entre ses lèvres sur son clitoris palpitant, la fille de la Lune crut qu’elle allait défaillir.
Des vagues de plaisir menacèrent de l’emporter, et à plusieurs reprises, Moody fut sur le point d’abandonner toute réserve pour se laisser aller pleinement à l’extase. Mais elle se retint à temps, sachant pertinemment qu’au moindre son de sa voix, Lance tiendrait sa promesse et arrêterait tout. Et ça, il en était hors de question.
Elle se mordit la main pour se contenir, sentant les larmes lui monter aux yeux sous l’effet de la douleur et du plaisir qui l’assaillaient. Elle ne pouvait même pas le supplier d’en finir. C’était lui qui décidait.
Et soudain, Lance s’interrompit. Il se redressa pour observer le visage tourmenté de son amante et celle-ci le vit sourire, grandement amusé par sa détresse. La fille de la Lune le maudit intérieurement, tout en souhaitant qu’il continue ainsi de la maltraiter. C’était terriblement bon à supporter.
Lorsqu’il s’empara de ses lèvres en un baiser impérieux, Moody put sentir son propre goût sur sa langue. Son corps se colla contre celui de l’homme, ses cuisses venant enserrer ses hanches dans un appel muet. Il résista, prenant du plaisir à la faire languir. Puis n’y tenant plus, il plongea en elle. La jeune femme se mordit férocement la lèvre inférieure tandis qu’il s’enfonçait profondément, écartant ses parois chaudes et humides sans douceur. Sans attendre, il entama une série de va-et-vient silencieux, jusqu’à ce que son bassin vienne claquer contre celui de la jeune femme.
Allongée par terre, écrasée sous le poids de son amant, Moody le laissa la baiser avec ardeur tout en luttant pour réfréner ses cris qui ne demandaient qu’à sortir. Et alors qu’elle se cramponnait à lui, secouée avec passion, la jeune femme sut qu’elle allait perdre le défi.
Un glapissement lui échappa, et ce fut terminé. Lance interrompit brusquement ses coups de buttoir et darda sur son amante un regard glacial. Malgré tout, Moody chercha à le retenir, toujours sous l’emprise du plaisir. Ses cuisses se resserrèrent autour des hanches masculines, mais le Dragon se dégagea sans aucun effort.
« Non ! Je t’en prie ! s’écria Moody, avant de plaquer brusquement sa paume contre sa bouche, alarmée. »
Elle ne faisait qu’aggraver son cas. Le supplier était la pire chose à faire. Avec un sourire goguenard, Lance se redressa. Et malgré son érection toujours aussi dure, il entreprit de se revêtir, sous le regard frustré de l’Ombre qui vrillait maintenant sur lui un regard assassin. Le plaisir refluait à son plus grand regret.
« En silence, j’avais dit, susurra le traître.
-Tu n’es qu’un sale fils de…
-Ttt-ttt. N’aggrave pas ton cas. Tu sais que je pourrais me montrer encore plus cruel.
-Laisse-moi au moins te soulager un peu, souffla la jeune femme d’un ton enjôleur, en contemplant la bosse qui pointait sous son vêtement qu’il venait de remettre. »
Il ne lui prêta même pas attention, se relevant souplement entre les rayonnages garnis de livres anciens. S’il était frustré par ce rapport non abouti, alors il le dissimulait très bien. En d’autres circonstances, Moody aurait pu être impressionnée par son sang-froid. Mais à cet instant, elle ne souhaitait rien d’autre que de la voir brûler en enfer pour oser la laisser dans cet état.
« Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, petite chose. C’est bien dommage. »
Il se recula sans un mot de plus, s’éloignant vers la sortie de la bibliothèque sous le regard dépité de son amante. Celle-ci était encore bien trop excitée pour demeurer ainsi. Elle allait devoir se terminer seule pour soulager la tension encore présente dans son bas-ventre palpitant. Par la Lune, qu’elle haïssait le Dragon à cet instant ! Elle ferma les yeux, tentant de recouvrer ses esprits et le contrôle sur son corps. Lorsqu’elle les rouvrit, Lance avait disparu. Il n’avait fait aucun bruit, aussi discret et silencieux qu’une Ombre. Maintenant que son sang avait cessé de battre à ses oreilles, Moody entendait de nouveau les ronflements d’Ykhar qui, de toute évidence, n’avait nullement été dérangée par leurs ébats écourtés.
En grimaçant, Moody se redressa et réajusta ses vêtements. Quitte à se terminer elle-même, elle préférait le faire dans l’intimité de sa chambre ou alors…
Un lent sourire étira sa bouche lorsqu’elle songea au Vampire qui ne rechignerait certainement pas à l’accueillir dans son lit.
La voilà, sa vengeance.
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