Sa raison de vivre

Tomber amoureuse de Nevra lui avait pris du temps. Certes, le Vampire lui avait plu dès leur première rencontre, mais l’attirance n’était au départ que physique. Moody collectionnait les hommes et telle une veuve noire, elle prenait tout d’eux avant de les jeter une fois qu’ils ne lui servaient plus à rien. Nevra n’aurait dû être qu’un nom de plus à sa longue liste d’amants mais il en avait décidé autrement. En bon séducteur, le capitaine de l’Ombre lui avait montré que lui aussi savait jouer, la titillant sans vergogne jusqu’à lui laisser croire qu’elle l’avait piégé dans sa toile. Tout cela avant de lui échapper comme un souffle d’air entre les doigts. Moody n’avait guère l’habitude qu’on lui résiste autant. Malgré elle, elle s’était laissée prendre à ce petit jeu. Et lorsqu’enfin la fille de la lune avait eu le Vampire entre ses cuisses, il était déjà trop tard. Son cœur indomptable s’était retrouvé en cage, et malgré ses rebuffades, il n’avait pu que se rendre à l’évidence : désormais, il ne battait plus que pour Nevra.

Du moins, Moody le croyait-elle.

Car non content de n’appartenir qu’à un seul homme, il avait fallu qu’il frémisse pour un autre. Si seulement Moody n’avait pu aimer que Nevra, les choses auraient été tellement plus faciles. Elle aurait dû se douter, pourtant, que rien ne serait jamais simple avec elle. Pas lorsque dans ses veines coulait ce sang mêlé qui la rendait si unique et précieuse.

Progressivement, presque sournoisement, un certain Etincelant aux yeux de glace avait fini par mettre le feu à ses sens. Malgré le plaisir qu’elle trouvait entre les bras de Nevra, son corps puis son cœur réclamaient ceux de Lance.

Choisir devint alors impossible. Nevra ou Lance. Lance ou Nevra. Moody préféra les deux. Seuls, ils la complétaient. Ensemble, ils formaient un tout.

A partir de ce moment, la Veuve Noire trouva sa corne d’abondance. Les hommes ne défilèrent plus dans son lit, à l’exception de ses deux amants qui savaient la combler de la plus délicieuse des manières.

Elle qui se croyait incapable de tomber amoureuse trouva la raison de son existence.