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Accepte-le

Dernière mise à jour : 30 mai 2021




L’ambiance était tendue entre Matthieu et Nora. Si tendue que Chrome et Karenn pressentaient qu’il ne suffirait que d’une étincelle pour que tout explose. Matthieu, le visage fermé et la mâchoire crispée semblait être le plus en colère. Il ignorait Nora, laquelle continuait de sourire et de parler malgré la légère tension dans ses épaules. Chrome et Karenn osèrent un bref coup d’œil l’un vers l’autre. Tout en laissant Nora babiller sur le déroulement de sa dernière mission avec l'Humain, ils prirent les paris. Trois minutes, signa silencieusement Chrome, avec un clin d'oeil. Deux, contra sa petite amie, amusée. « …et c’est passé à ça de m'arracher le bras ! fit Nora, en montrant son membre blessé. Si je ne m’étais pas décalée d’un infime centimètre, je crois bien que cette Hydre me l’aurait bouffé, et… -Tu veux dire qu’elle te l’aurait bouffé, si je ne lui avais pas coupé une tête à ce moment pour te sauver, intervint Matthieu, dans un grondement rauque. » Le silence se fit soudainement. Chrome et Karenn retinrent leur souffle. Moins d'une minute, finalement. « Elle en avait trente autres, crois-bien que ce n’est pas ça qui l’a freinée, rétorqua finalement Nora avec dédain. Je m’estime plutôt chanceuse d’avoir de bons réflexes. -« Bons réflexes », s’esclaffa l’Humain, acide. Ca ne t’a pas empêchée d’être blessée, ou alors le bandage que tu portes, c’est du fake ? » L’Archange déchue plissa les yeux, n’appréciant guère le ton que prenait Matthieu. Et bien qu’elle peinait parfois à comprendre son étrange dialecte (fake ? N’était-ce pas anglais ?), le sens ne lui échappa pas cette fois-ci. « Et alors ? Ca arrive d’être blessé, en mission. L’essentiel est que je m’en sois tirée en un seul morceau. -Tu t’en serais bien mieux tirée si tu m’avais écouté au lieu de t’en mêler ! risposta l’Absynthe en haussant le ton. -Et quoi, t’as cru que j’allais rester sur le côté pendant que tu risquais ta vie à combattre ce monstre ? Héraclès lui-même en a bavé pour s’en débarrasser, alors laisse-moi te dire que tu n’aurais pas fait le poids seul ! Hurla à son tour Nora, des éclairs dans les yeux. -Je gérais parfaitement la situation, tu n’avais pas besoin de te jeter dans la mêlée ! -Il m’a pourtant semblé qu’un coup de main n’était pas de trop, répondit l’ange, moqueuse. » Matthieu serra le poing, avant de se lever brusquement. Nullement impressionnée, Nora se contenta de vriller sur lui un regard noir. « Le problème, c’est que t’as pas pensé une seule seconde à ta sécurité. Tu t’es jetée sur cette Hydre d’un coup. Et maintenant, tu es blessée ! -Ouais, je vois parfaitement où est le problème, siffla Nora. Le problème, c’est que ton pauvre ego de mâle en a pris un coup. Toi qui aimes tant jouer les chevaliers servants, tu n’as pas supporté que moi, une femme, ait pu gérer la chose mieux que toi. » Avant de laisser à Matthieu l’occasion de répliquer, l’Archange se leva brusquement, approchant son visage empli de colère de celui de l’Humain. Celui-ci ne put s’empêcher de rougir, déstabilisé par sa proximité soudaine. « Je t’aime beaucoup Matthieu, mais laisse-moi te dire une chose : tu ne me changeras pas. Je suis une Archange, une guerrière, j’ai des millénaires d’expérience derrière moi. Je savais parfaitement ce que je faisais. -Il n’empêche que tu aurais pu mourir… -Je ne mourrai jamais pour un homme, même si c'est toi. » Face au silence interloqué de la petite assemblée, Nora précisa, un peu troublée : « Je veux dire…Je sais ne pas risquer ma vie. Et je n’ai pas besoin qu’on me protège, je sais parfaitement le faire moi-même. » Matthieu la dévisagea encore un moment, avant de soupirer : « Ok, mais ne m’en veux pas de me faire quand même du souci pour toi. En dépit de ta grande expérience, tu es quand même pas mal tête brûlée. Ta blessure…je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que cela aurait pu être pire, si… -Mais ça n’a pas été pire. C’est même le meilleur scénario qui s’est produit : mon intervention t’a évitée à toi de te faire tuer. » Avec un petit sourire, Nora pencha la tête sur le côté, sans quitter le jeune homme du regard. « Tu es un valeureux chevalier, Matthieu, mais accepte le fait que je ne sois pas une demoiselle un détresse. »

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